Approches radicales de la métropolisation - chantiers de recherche

Approches radicales de la métropolisation - chantiers de recherche

Résumé d'article : Bidonville : paradigme et réalité refoulée de la ville, Raffaele Cattedra, 2006

Article publié dans l'ouvrage de Jean Charles DEPAULE , Les mots de la stigmatisation urbaine, Paris, éditions UNESCO. (2006). P. 123-163

 

L’auteur, géographe-urbaniste, retrace l’histoire sémantique du bidonville, depuis son invention jusqu’à nos jours.


Né à Casablanca au milieu des années 30, le terme de bidonville désignerait à la base un quartier nouveau fait de bidons récupérés des industries chimiques et pétrolières proches. Les pouvoirs publics (le Maroc est alors sous protectorat français) peinent alors à contenir l’explosion démographique de la métropole, alors très prospère et en passe de devenir la plus grande ville du Maghreb. 

 

L’image de ce lieu, devenu toponymie, devient alors pour les colons Français, le terme générique de tout habitat spontané, non maîtrisé par les pouvoirs publics et assimilé à la misère, à l’insalubrité.
La stigmatisation, puis l’interdiction  de cet habitat par le protectorat, va paradoxalement permettre de l’identifier, le qualifier et ainsi l’objectiver.

Le Bidonville est alors la 3ème composante de la ville, après la Médina et la Ville Neuve, mais le pouvoir se refuse à accepter et intégrer ces quartiers au sein de la Métropole. 

Dès lors, l’auteur parle de refoulement d’un paradigme, d’une forme majeure d’habitat.

 

On observe le même type d’installations autour des grandes villes françaises dès la fin de la 2nde Guerre Mondiale, mais cette fois-ci le mot bidonville laisse sa place à « habitat spontané », jugé moins stigmatisant ; entre-temps, nombre d’études ont été menés sur la population de ces villes, leur origine, et l’organisation de l’espace.

Ces zones, qui sont « le produit de la civilisation industrielle, du capitalisme et du colonialisme », se généralisent dans le monde entier et donnent naissances à autant d’expressions locales (Favelas ou Invasos au Brésil, Townships à Johannesburg, Bastees à Calcutta, Ranchitas à Caracas…) censées illustrer les spécificité de chaque situation.

 

Le terme de bidonville est réapparu ces dernières années, notamment à travers la presse, comme l’expression d’un espace marginalisé, métaphore de l’insécurité du monde urbain d’aujourd’hui. 

Aujourd’hui, à travers la diffusion d’images devenues des références culturelles, de nombreuses associations humanitaires, militantes  ou écologistes s’intéressent à cette forme d’habitat, qui renvoie à la diversité culturelle de la planète et à la richesse d’invention des populations, attirant ainsi une lumière nouvelle, plus valorisante, sur les pratiques sociales qui s’y déroulent.



30/12/2013
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