Résumé d'article : La production privée des espaces publics, Renaud Le Goix et Céline Loudier-Malgouyres, 2005
Article publié dans les Annales de la recherche urbaine n°99, (2005), p. 28-38
La production des espaces publics se fait de plus en plus par le PPP (Partenariat Public- Privé). De ce fait, l'espace public est davantage pensé comme un espace privé rendu public. Le propriétaire réel de l'espace est en réalité l'entreprise, le partenaire Privé.
Tout ceci est initié grâce (ou à cause) de l'incentive zoning : les acteurs privés qui rénovent ou construisent peuvent outrepasser les règlements (obtenir des compensations) si ils apportent des biens d'utilité publique (espaces publics, équipements, logements sociaux etc ...). C'est un partenariat donnant-donnant, qui même cependant à un morcellement des espaces publics de la ville, qui appartiennent aux différents groupes propriétaires.
La création de BIDs permet de mettre en commun les charges d'exploitation de ces espaces publics sous régence privée. Celle-ci conduit à une sécurisation de ces espaces qui deviennent alors difficilement appropriables.
Le système des gated communities (morceau de territoire transféré du pouvoir public aux pouvoirs privés. Apporte un soulagement pour la municipalité (en terme de coût). En échange, les habitant jouissent de manière exclusive des biens sur leur territoire).
Les gated communities posent un problème puisqu'elles sont rentable pour le territoire sur lequel elles logent. Elles doivent en effet payer les impôts et les services publics nécessaires (pompier, police ...). De plus, elle participent au financement de ces équipements d'utilité public au moyen des community facility district. La community facility district est un impôt payé par les habitants des gated communities. Le promoteur contracte un emprunt permettant de financer le développement d'équipements extra-muros mais dont les habitants de la gated communities auront l'usage. La gated communities concernée ne paye que les équipements dont elle a l'usage. Ce système permet donc un développement du territoire, notamment dans les franges périurbaine où les habitants participent au financement des équipements et des réseaux dont ils sont responsables.
Cependant ce système a des limites puisque les emprunts sont liés à la maison. Ceci rend les reventes extrêmement difficiles et provoque un endettement des foyers. De plus, ce système dilue le pouvoir des collectivités locales, pouvant élever à terme les gated communities au rang de collectivités territoriales.
La fabrication de l'espace public par les acteurs privé ne correspond pas aux fondements primaires de ces espaces : « un espace crée et entretenu par une autorité publique et accessible de tous ». Ces espaces sont au final un pastiche des espaces publics originels. Les groupes privés orientent leurs espaces vers les bâtiments qu'ils construisent. Il n'existe alors plus de réel parcours/schéma directeur des espaces publics mais plus un patchwork d'opérations faîtes au coup par coup. L'espace public devient un potentiel de marchandisation pour les bâtiments qu'il relie voir dans certains cas une marchandise en tant que telle.
De plus la dimension « mixité » de ces espaces est vivement critiquable car du fait de leur marchandisation ils deviennent ségrégatifs. Pire encore, dans le cas des gated communities, de véritables enclaves privées sont créées, empêchant même le passage physique des personnes. La mutation de ces espaces n'est t- elle pas en train de conduire à un privatisation de la ville à la grande échelle ?
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