Approches radicales de la métropolisation - chantiers de recherche

Approches radicales de la métropolisation - chantiers de recherche

Thématique 2 : Métropolisation et démocratie locale


Débat : participation - échelles, cadrages, temporalités

Le débat s’appuie sur quatre documents et articles, issus d’approches disciplinaires très différentes et proposant des études de cas en France et en Italie.

 

Le premier document est une intervention du sociologue Michel Koebel le 6 juin 2009  proposant une "Analyse critique de la démocratie participative" faite dans le cadre des Etats généraux du sport – Strasbourg

L’auteur insiste dans cette intervention sur les difficultés de mettre en place une démocratie participative: beaucoup de fois est le pouvoir politique à décider des questions de la communauté. L'auteur s'interroge si derrière la démocratie participative existe une réelle volonté politique à suivre et à écouter les idées et les propositions des habitants ou c'est juste une séduction portées contre eux. La démocratie participative est donc né comme une forme de discrimination (hommes et femmes, les participants et non-participants, ....). A la base de son succès il y a, sans aucun doute, l'information et l'intérêt des citoyens; ça implique un coût supplémentaire que pas toutes les communautés sont prêts à payer.

 

Le second article, est l’introduction de l’ouvrage Gestion de proximité et démocratie participative, une perspective comparative, dirigé par  la soociologue et urbaniste Marie-Hélène Bacqué et les politistes Henri Rey et Yves Sintomer. Dans cette introduction les auteurs mettent en évidence les origines de la démocratie participative et quelle forme cela prendra. A travers des exemples dans différents pays, les auteurs expliquent les différents niveaux de participation entre hommes et femmes et que le problème est bien plus marqué pour les groupes minoritairement "dominés".

 

Le troisième document est une analyse critique, rédigé par l’urbaniste et architecte Béatrice Pericchi, des dispositifs participatfis mis en place à l’occasion de la requalification de la zone de l’ancien marché agricole pour Centre de ressources documentaires Envirobat-Méditerranée (Lien vers le centre documentaire envirobat-méditerranée).

Le dernier document est une plaquette institutionelle expliquant le rôle de la CNDP.

Ces deux derniers documents présentent deux aspects différents de la participation : la différence entre la participation induite par la loi et la participation spontanée qui vient de citoyens. La participation spontanée est présentée à travers l’exemple du quartier Bolognina à Bologne qui se développe avec la naissance d’un atelier de participation urbaine : “il Laboratorio mercato”.

 

Au terme de la présentation des documents, la question qui a subsisté était celle de la pertinence de la démocratie participative à l'échelon métropolitain.  Doit-on seulement impliquer ceux qui ont les compétences techniques pour comprendre les enjeux d’un projet? Ou seulement des citoyens concernés par l'objet de l'étude (ex : habitants de la zone du projet)? Pour quelle taille de projet, la concertation est-elle nécessaire? Ainsi l'idée de la démocratie participative n'est-elle pas déjà en soi une forme de discrimination?

La discussion a permis notamment de croiser les approches développées dans les différents documents et articles mis au débat avec différentes expériences vécues par les étudiants.

Ainsi, l’expérience d’une étudiante ayant effectué un stage pour la ville de Bitche  a permis de retracer une démarche participative dans une petite commune. La municipalité de Bitche a organisé des réunions de concentration sur un projet d’éco-quartier. La première réunion a eu lieu dans un théâtre, l'espace n'était pas approprié, car il mettait en évidence la hiérarchie entre les participants et les organisateurs. La rencontre s’est déroulée avec notamment la diffusion d’un documentaire, ce qui n’a pas vraiment favorisé l’échange. Pour une première réunion, il n'a jamais été demandé aux participants: «Êtes-vous d'accord?". Effectivement, le projet semblait déjà assez déterminé. De plus, les organisateurs ont présenté des documents défaillants et difficilement compréhensibles par des lecteurs avertis.

De cette expérience, nous pouvons constater l'importance de donner une information claire aux habitants mobilisés et à quel instant l’on choisit d’entreprendre ces réunions. Bien souvent l’application de la démocratie participative arrive trop tard au niveau du projet. Comment les habitants peuvent-ils se sentir écoutés et valorisés voire en mesure de s'opposer à ces projets s’ils ne sentent pris en considération? Effectivement, ce manque d’implication citoyenne dans l’aménagement n’a pas permis aux citoyens de développer un esprit critique. Souvent, ils ne comprennent pas pourquoi leur opinion est requise et la participation est faible.

 

D’autres expériences révèlent qu’il faut parfois seulement de petites étapes pour engager véritablement les citoyens comme des espaces clos et plus intimes, des tables rondes, groupes de travail, maquettes et des informations particulièrement claires. Les dérivations sont un risque, lorsque les participants sont moins nombreux que les organiateurs ou que ces derniers monopolisent la réunion empêchant les citoyens de participer.

 

Un autre exemple se trouvant à Nancy a été cité, Un dispositif de démocratie participative pour l'étude sur le cœur des ilots avec la fonction de réaménagement commercial et résidentiel a été mis en place avec une agence d’architectes. Une réunion a été initiée au stade initial du projet, qui a réuni un groupe d’une dizaine de personnes représentant les différentes parties de la population. Ils se sont rendus sur ​​le terrain, ont discuté ensemble les questions importantes et ont choisit l’orientation du projet. Ces participants ‘pionniers’ ont ensuite joué le rôle de lien avec le reste des citoyens. Ils ont ainsi participé à une phase de conception initiale. Cette expérience prouve qu'il faut intervenir au plus tôt auprès de la population afin de créer une continuité, un processus et pas une simple consultation partielle et sporadique. Nous ne devons pas oublier que toutes les réunions municipales sont ouvertes au public et réglementées par la loi, et les personnes vraiment intéressés ou avec " quelque chose à dire " peuvent toujours participer.

Les citoyens doivent-ils participer jusqu’au bout? Y-a t-il une différence fondamentale entre les projets en ville et en village? Est-ce qu’il y a une différence d’échelle des projets sur lesquels il est possible d'impliquer la population?

Il est toujours très difficile d’échanger avec la population au sujet de projets de très grande envergure. L’exemple le plus évident pour ce séminaire est l'exposition aux Halles à Nancy sur le réaménagement du quartier des Rives de Meurthe par Alexandre Chemetoff. Tous les citoyens avaient jusqu’alors des visions partielles et localisées mais pas de vision globale et générale. Toutefois, la scénographie de l’exposition dans ce vaste espace tendait à disperser les idées et à perdre le cœur du projet.

 

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Illustration : Support de débat public ou simple outil de communication ?

Vues avant / après, présentés dans le cadre de l'exposition "Les (re)sources de la rivière", Nancy, été 2013
 

Enfin, nous nous sommes interrogés sur l’instant propice pour faire intervenir les habitants. Il est souvent dit que la participation est venue trop tard. Mais cela ne peut réduire les efforts: dans l'exemple de Bologne, bien que le projet fût déjà terminé les citoyens ont réussi à mobiliser la ville pour annuler sa réalisation. Ici l’avis des citoyens est parvenu jusqu’au maître d’ouvrage par leurs propres initiatives. Mais est-ce un cas isolé? En France, la participation citoyenne organisée apparaît comme une nécessité nouvelle alors que dans d’autres pays, la démocratie participative, plus ancrée, fonctionne peut être mieux ! Bologne est une ville qui se caractérise par une très forte politisation de ses habitants et de nombreux conflits sociaux et urbains où les résidents remettent souvent en question le pouvoir de l'Etat, si bien que leurs avis est respectés. De même que sa consultation est une étape commune. A Bologne, nous percevons la démocratie comme un processus intégrant celui de la construction.

 

Pour permettre le fonctionnement d'une démarche participative, il semble donc nécessaire de :

- motiver les citoyens à y participer. L'intérêt de la part des citoyens de participer est obligatoire et peut être de différentes natures (sociale, économique, intellectuelle, de temps à perdre);

- faire attention au cadrage, à la taille du projet et notamment la question qui est posée aux habitants. Il faut être clair et donner les informations nécessaires et ciblées. On discute pourquoi on a déjà décidé quelque chose, comme agir dans un contexte particulier, il devient donc nécessaire de mettre en évidence correctement dans l’image initiale et l'image finale. Pour participer, les règles du jeu doivent être claires, par conséquent, l'information devient nécessaire car, en son absence , nous n'avons pas le pouvoir de décider quoi que ce soit;

- faire de la participation un moment de débat collectif, éviter les jeux de pouvoir, les hiérarchies, assumer le rôle du citoyen moyen pour comprendre comment le motiver et comment ne le pas effrayer;

Enfin pour que les gens se mobilisent il faut avoir du temps et, parfois, quelques connaissances. Pour participer il faut faire beaucoup de travail, mais souvent, comme les épisodes démontrent, les retours peuvent être positifs.

 

 


30/12/2013
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Démocratie participative... quelques rappels

La démocratie participative est une forme de partage et d'exercice du pouvoir, fondée sur le renforcement de la participation des citoyens à la prise de décision politique.


Les formes de la démocratie participative :

 

  • Consultation : La consultation n’implique pas la prise en compte des avis donnés. Dans le cas des enquêtes publiques le commissaire enquêteur émet un avis personnel qui n’est pas nécessairement celui de la majorité des déposants.

 

  • Concertation : La concertation publique est régie par la Charte de la concertation. Celle-ci impose des procédures en amont du projet, élargissant la transparence, impliquant des débats et favorisant la participation. Mais le pouvoir décisionnel reste entièrement dans les mains de l’autorité publique.

 

  • Coélaboration : Cette forme de participation incarne un niveau élevé de démocratie participative dans la mesure où les décisions sont prises collectivement.

 

  • Référendum national : Selon Thierry Ménissier, auteur de « Machiavel ou la politique du centaure »16, le référendum national « ne crée pas les Le référendum correspond plutôt à un mécanisme de démocratie directe que de démocratie participative 


04/11/2013
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De Montpellier 2040 à Montpellier 4020 - ou les enjeux métropolitains mis en débat par les citoyens ?

En parallèle de la démarche de prospective territoriale Montpellier 2040, lancée par l'agglomération de Montpellier ( Lien vers Montpellier 2040 ), un groupe d'habitants et de chercheurs ont créé le collectif Montpellier 4020, destiné à développer une vision alternative du développement de l'agglomération. Leur blog ( Lien vers Montpellier 4020 ) présente leur démarche et propose quelques remises en perspective des mutations de Montpellier à l'aune des processus de métropolisation.

 

L'initiative Montpellier 4020 a déjà essaimé à Lyon avec la création d'un collectif Lyon 4020 dont le blog va ouvrir sous peu : le signe du retour des citoyens dans les projets métropolitains ?


30/12/2013
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Document : Plaquette expliquant le rôle de la CNDP (rôle pédagogique auprès des citoyens)

Cette brochure explique l’action de la Commission nationale du débat public (CNDP), créée à la suite de la loi du 2 février 1995. Nous avons mis cette plaquette pour vous présenter de façon simple cette commission nationale qui peut devenir un processus de démocratisation. 

 

Lien : 

Texte4-PlaquetteCNDP.pdf


04/11/2013
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Analyse critique d'un processus participatif : Le projet de requalification de la zone de l’ancien marché agricole, un exemple de concertation participative ; Centre de ressources Envirobat-Méditerranée – B. Pericchi – Juin 2007

L’article explore le cas du quartier Bolognina à Bologne. Le projet de requalification de l’ancien marché agricole représente un cas exemplaire de concertation participative. Le quartier Bolognina se situe au voisinage immédiat du centre historique de la ville. Il accueille principalement, dès la première moitié du XXème siècle, un vaste marché agricole, qui a été délocalisé en 1996. Afin de penser à l a réhabilitation de cette parcelle, un projet a été élaboré entre 1996 et 2002, mais qui a été vivement critiqué par les habitants du quartier. Ces derniers se mobilisent massivement pour la création d’un atelier de participation citoyenne et la définition d’un nouveau projet. Après deux ans d'échanges, la commune officialise la naissance de l’atelier de participation urbaine : “il Laboratorio mercato”. Cette expérience de participation citoyenne a été organisée en trois phases :

1-Cinq réunions publiques organisées visant à comprendre le projet de l'agence Scagliarini, à critiquer si nécessaire et à échanger.
2-Réunion avec un comité plus restreint pour définir les orientations majeures du projet.
3-Rencontres à nouveau publiques pour vérifier la cohérence des décisions prises par rapport aux besoins des habitants.

L’exemplarité de cette opération porte sur la formidable mobilisation citoyenne qu’elle a générée mais aussi sur la richesse d’une réflexion entreprise collectivement à partir d’un constat de l’existant. 

 

 


Lien vers le document sur le site envirobat-méditerannée

 


04/11/2013
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